Le Top 5 de... Dominique Fillon
En ces temps étranges, nous croyons plus que jamais qu’il est essentiel de cultiver le lien précieux qui nous unit aux artistes et au public. Nous avons pris des nouvelles des musiciens que nous suivons, et leur avons demandé de nous révéler les cinq titres qui formeraient leur playlist idéale. Ces morceaux qui les ont marqués, qui les inspirent, ou qui les accompagnent depuis des années… Aujourd'hui, c'est au tour du pianiste Dominique Fillon de nous dévoiler ses cinq indispensables.
Yellowjackets - "Timeline" (2011)
Parce que celui-là, c’est vraiment le titre que j’écoute le plus. C’est celui qui me remet les pendules à l’heure, qui me rassure quand tout va mal.
Grand admirateur de Russel Ferrante, le compositeur et pianiste de ce titre, je trouve que c’est un chef-d’œuvre qui mêle subtilement et avec talent plusieurs courants, le lyrisme de la musique ‘classique’ et la fusion, du latin jazz au jazz contemporain.
Herbie Hancock - "Calypso" (1980)
C’est un titre qui me fascine depuis le début de mon adolescence. J’ai le souvenir d’avoir usé la cassette sur laquelle était ce morceau. Je l’écoutais en boucle avec un walkman ! C’est un temps que les moins de vingt ans...
En dehors de la composition qui régale tant l’esprit que le corps, entre la première partie plus jazz, la deuxième franchement calypso, et la transition harmonique si propre à son compositeur, ce qui me fascine le plus c’est le génie du batteur, Tony Williams, qui arrive à être omniprésent voire quasiment en solo sur la moitié du titre, sans jamais gêner les autres instruments.
Ronnie Lynn Patterson - "Mississippi" (2003)
Parce que j’enregistre et que je mixe aussi mes disques ou ceux d’autres artistes, je suis passionné par le son et je trouve en cet enregistrement une équation idéale : une rencontre parfaite entre d’excellents musiciens, une belle composition, et une technique de prise de son et de mixage impressionnante.
Al Jarreau - "Roof Garden" (1981)
C’est l’artiste que j’ai sans doute le plus écouté, et ce titre en particulier, qui représente une époque, une énergie ludique et contagieuse, une envie réussie de mélanger le jazz et la chanson, et l’addition explosive de talents des musiciens, producteurs, arrangeurs, techniciens, de la composition au mastering !
Pat Metheny Group - "First Circle" (1984)
S’il n’y avait qu’un seul titre, ce serait celui là. C’est pour moi LE chef-d’œuvre absolu de Pat Metheny, Lyle Mays et le groupe de l’époque. C’est de la Musique à l’état pur, des notes qui racontent, qui nous portent et nous parlent du monde. Il n’y pas de contraintes, pas de codes apparents qui excluraient des auditeurs non avertis, et pourtant la composition est complexe.
Mais cette complexité sert l’émotion et l’imagination de l’écriture et du jeu et repousse les limites du format classique des standards. C’est un jazz très écrit, très maîtrisé, assez loin des courants plus originels, mais c’est aussi une fresque optimiste qui porte ses origines et leur ouvre des portes vers la suite. Depuis il y a beaucoup d’artistes qui ont emprunté ces ouvertures pour faire à leur tour, avancer la créativité.
En 2007, Dominique Fillon fait un crochet par le Duc pour interpréter le répertoire de son premier disque, Détours. Plus tard, il présentera dans le club un projet hommage à Al Jarreau, accompagné de l’un des plus fidèles musiciens et amis de ce dernier, le multi-instrumentiste Larry Williams, ainsi que de Sylvain Gontard, Francis Arnaud et Laurent Vernerey. Aujourd’hui, le pianiste finalise son cinquième album, enregistré avec deux jeunes talents de Los Angeles, Dan Schnelle et Alex Bonham, et un album en duo trompette-piano avec Sylvain Gontard, tous deux prévu pour la rentrée.